Communiqué de Claudine Colin Communication / Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux
Après Barbe à Papa, Air de repos (Breathwork) permet au Capc de continuer son travail d’expansion des formes que peut prendre le musée et de développer l’idée d’exposition comme atmosphère.
Ce nouveau projet d’exposition collective a pour ambition première, par le biais de multiples interventions artistiques (dans et hors du musée), de donner une conscience renouvelée de ce qu’implique le fait de respirer, non seulement au niveau individuel mais également collectif. À l’heure où le monde se vit dans un climat d’asphyxie généralisée, Air de repos (Breathwork) a pour ambition de transformer le musée en machine d’assistance respiratoire temporaire.
Depuis quelques années, la convergence de phénomènes aussi bien politiques qu’écologiques et de santé publique a permis d’appréhender le simple fait de respirer comme un privilège. On s’est rendu compte de l’impact différencié de la pollution de l’air selon ses origines sociales, de la facilité de bloquer les voies respiratoires de certaines populations sous prétexte de maintien de l’ordre (« I Can’t Breathe ») ou encore du potentiel de l’air à se transformer en menace du fait des virus et autres agents nocifs qu’il peut contenir.
Dans un musée, l’air est un sujet à part entière.
Présenter et conserver des œuvres d’art suppose un contrôle et une gestion particulière de celui-ci. On y surveille la température, le taux d’humidité et la présence de particules de poussières. L’art aurait donc besoin d’un air stable et neutre. On pourrait même aller jusqu’à employer le terme « pur ». Cela sous-entend que le musée contiendrait un air à part entière, un air à lui, différent de celui du reste du monde.
Si cela pose la question de la qualité « hermétique » de l’institution muséale, l’exposition fait feu de cette particularité pour imaginer le musée comme une véritable aire de repos, pour respirer différemment. Cet exercice d’invention suppose également une réflexion sur le travail que demande l’expérience de l’art. Air de repos (Breathwork) se chargera de prendre en compte la dichotomie loisir / travail, portant dans son parcours la question de la part d’effort que demande l’expérience esthétique, la visite d’une exposition.
Faire référence à l’aire de repos permet également de revenir à l’une des inspirations architecturales de l’ingénieur Claude Deschamps (1765-1843) dans sa conception des entrepôts réel de denrées coloniales Lainé (qui abrite aujourd’hui le Capc) : les caravansérails. Vernaculaires du Proche et du Moyen-Orient, les caravansérails étaient principalement construits sur la route de la soie, dès le IXe siècle, afin de prodiguer aux marchands et autres voyageurs des lieux de pause. La symétrie, les arches et les volumes du Capc font directement écho à ces bâtisses.
Elles ont également servi de point de référence à l’architecte et artiste Celeste Burlina dans la conception de son intervention pour l’exposition : entre scénographie, intervention architecturale et œuvre.
Afin d’imaginer le Capc comme une aire de repos, l’exposition s’est construite comme un « musée sans images », pour lutter contre la fatigue rétinienne et permettre aux images de se reposer. Composée principalement d’installations, de ready-mades et d’œuvres sonores, les artistes invités partagent l’idée que la sculpture respire. L’exposition sera accompagnée d’une publication sous forme de vinyle et d’un programme de conférences et de performances. Elle est également l’occasion pour le Capc de publier la traduction française de l’essai Breathing: Chaos and Poetry [2018, Semiotext(e)] du philosophe italien Franco « Bifo » Berardi.
Avec : Kobby Adi, Pierre Allain, Alvaro Barrington, Celeste Burlina, Rhea Dillon, Adam Farah-Saad, Valérian Goalec, Eva Gold, Jan S. Hansen, Steffani Jemison, Alexandre Khondji, Sin Wai Kin & Sophia Al-Maria, Carolyn Lazard, Brianna Leatherbury, Guillaume Maraud, Park McArthur, Jack O’Brien, Olu Ogunnaike, Ima-Abasi Okon, Russell Perkins, Lea Porsager, Cameron Rowland, Cally Spooner, Jesse Stecklow, Sung Tieu, Jessica Vaughn, Abbas Zahedi.
Commissaire de l’exposition : Cédric Fauq